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Reillanne
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Lampes à huile
La
collection de lampes à huile du musée
Le 23 Juillet 2018, le Musée des
Amis des Arts recevait en donation une magnifique collection de plus
de 500 lampes à huile réunies par M. Max Grégori (1939-2017) et
offerte par sa famille. Max Grégori
habitait le joli village de Viens (situé à 20 km à l’Ouest de
Reillanne) et il collectionna les lampes à huile pendant plus de vingt
ans. Il aimait les chiner dans les brocantes de la région et en
rapportait quelques unes de chacun de ses voyages à l’étranger |
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Dans les vitrines de sa maison il exposait ces jolis
objets qui tous racontent comment on s’éclairait, partout dans le monde,
depuis l’antiquité et jusqu’à la fin du 19ème siècle, avant l’apparition
de l’électricité.
Le bureau de Max Grégori à Viens |
Il désirait qu’après sa mort sa
collection ne soit pas dispersée et, conformément à ses voeux, sa
famille en a fait don à notre association pour qu’elle soit présentée
dans son ensemble au Musée.
La collection comprend des lampes de toutes les époques (de la période
romaine jusqu’au 19ème siècle), fabriquées en matériaux divers (terre,
pierre, fer, bronze, étain, laiton, verre ..) et provenant des quatre
coins du monde (Europe, Afrique, Asie, Inde ..) . Un grand nombre
d’entre elles étaient utilisées pour des usages domestiques (à la
maison ou en extérieur) d’autres étaient réservées à la pratique de
différents métiers (les lampes de mineurs ou de bateaux) ou encore à
la pratique de cultes religieux (les lampes votives, les veilleuses ou
les lampes d’Hanouka). |
Toutes les lampes à l’huile de la collection ont un
fonctionnement simple, hormis les « lampes à pompe » en étain, fabriquées
vers 1750 qui possèdent un piston permettant d’améliorer la montée de
l’huile vers la mèche. On n’y trouve donc pas de lampe avec des mécanismes
sophistiqués (à horlogerie ou a ressort) comme celles apparues vers la fin
du 18ème et au début du 19ème siècle et qui furent utilisés dans les
maisons nobles et bourgeoises. Au cours du 19è siècle le gaz puis le
pétrole remplacèrent progressivement l’huile comme combustible d’éclairage
et vers 1900 l’arrivée de l’électricité, d’abord dans les villes puis dans
les campagnes, sonna le glas des lampes à huile.
Histoire des Lampes à
huile
C’est à partir du Paléolithique
supérieur, vers 35 000 ans av JC que l’on date les premières lampes à
huile. Ce furent d’abord des récipents creux trouvés aux abords des sites
de peuplement : des coquilles de crustacés ou des pierres creusées. Ils
étaient remplis de suif (graisse animale liquide) avec une mèche faite de
lichens ou de mousses.
Après la création de la céramique
en Mésopotamie vers 8 000 ans avant notre ère, les lampes à huile sont
fabriquées en terre et deviennent un appareil d’éclairage domestique
courant. Elles servent aussi au culte des dieux. Dès la fin du 2ème
millénaire av JC elles sont présentes chez tous les peuples civilisés
et seront utilisées tout au long de l’antiquité, puis du Moyen-Age, de
la Renaissance et jusqu’au début du 20ème siècle sans discontinuer. |
Lampe romaine |
Au fil des âges, elles sont réalisées
avec des formes différentes et dans des matières différentes (céramique,
fer, cuivre, bronze, laiton, pierre ou verre). On les trouve en tous
lieux, chez les peuples d’Asie, d’Afrique (Maghreb et Machreq) et d’Europe
et leur fonctionnement évoluera peu jusqu’au milieu du 18 ème siècle. A
cette époque les progrès scientifiques permettront, grâce aux travaux de
Lavoisier en 1777, de comprendre le phénomène de la combustion et
d’améliorer leur technicité.
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Leur système de combustion, hormis
quelques améliorations, restera le même, à savoir : une mèche (de lin,
coton, filasse, étoupe, moelle de jonc ..) est trempée dans un
réservoir creux (de forme ronde ou
oblongue) rempli d’un corps gras (une graisse animale (le suif, le
saindoux, l’huile de poisson) ou une huile végétale choisie en
fonction de la production locale . Pendant des millénaires les lampes
à huile les plus courantes étaient encore inspirées du modèle romain.
Fabriquées par les potiers ou les forgerons en céramique, tôle de fer,
cuivre ou bronze, leur mèche était placée dans le réservoir de manière
à peu dépasser du combustible et lorsque celle-ci était charbonnée on
la tirait avec une petite pince pour la retirer de l’huile et on
coupait son extrémité. La lampe, de forme ronde ou en amande, était
prolongée d’un pic et d’un crochet permettant de la ficher au dessus
de la cheminée ou dans le mur. |
Cette petite lampe d’usage courant perdura plusieurs
siècles et on en trouvait dans les campagnes françaises au début du 20ème
siècle. Elle portait des noms différents selon les régions : en Provence
c’était le Calel ou Caléou. Parfois elle avait plusieurs mèches et on
pouvait rajouter sur son manche élargi une crémaillère qui permettait de
la pencher pour que l’huile arrive plus longtemps sur la mèche.
Le combustible : dans le bassin méditerranéen on
disposait surtout d’huile d’olive mais ailleurs ce pouvait être l’huile de
noix, de
sésame, de colza, de tournesol, d’amande ou d’arachide, de ricin, de lin,
de chanvre, de faines de chêne. En Orient on utilisait aussi l’huile de
palme ou de coco et dans les pays du nord l’huile de poisson ou de
baleine. Le bitume servait également de combustible et la mèche était
parfois remplacée par des cristaux de sel qui brulaient plus lentement
avec une flamme vive (ce fut le cas en Egypte ancienne).
Les formes : Au cours des âges et selon les lieux
d’utilisation et les usages attendus (familial, professionnel ou cultuel)
les lampes à huile prirent de multiples formes pour essayer d’améliorer
leurs performances techniques. On les trouve avec ou sans pied, plus ou
moins hautes, avec des mèches plus ou moins nombreuses, des foyers ouverts
ou fermés afin d’éviter l’extinction de la flamme par le vent ou le risque
d’explosion dans les mines, montée sur arceau, comme les lampes Cardan,
permettant de conserver la verticalité sur les bâteaux, ou encore munies
d’un réservoir renversé comme les lampes Cassiodore sur le modèle des
abreuvoirs d’oiseaux pour améliorer l’arrivée de l’huile et permettre aux
moines de lire ou d’écrire plus longtemps.
Quelques exemples de lampes
présentées dans la collection |
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Islamique
en pierre |
Aladin
Indienne |
Florentine
16ème siècle |
Hollandaise
18ème siècle |
Cassiodore
5ème-18ème siècle |
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Marseillaise en verre
18ème siècle |
A pompe
en étain
1750 |
Cardan
de bateau
16ème siècle |
de
Mineur
19ème siècle |
Lanterne
19ème siècle |
Un éclairage difficile et parcimonieux
Mais les lampes à huile éclairaient assez peu et nécessitaient une grande
surveillance et un entretien très fréquent.
Les huiles trop visqueuses montaient difficilement dans la mèche par
capillarité et les lampes produisaient une petite flamme
tremblotante qui s’éteignait souvent. Au fur et à mesure de la combustion
et de la baisse du niveau d’huile, la mêche n’était plus suffisamment
alimentée et s’éteignait. Il fallait donc recharger le réservoir très
souvent.
- la mèche se consumait trop vite
ou avait tendance à charbonner et à s’éteindre à cause d’une mauvaise
combustion. Il fallait régulièrement la « moucher » c'est-à-dire
supprimer la partie de mèche carbonisée qui
sinon empêchait la combustion. C’est pourquoi on avait créé les «
mouchettes », sorte de ciseaux qui coupaient la mèche et récupéraient
la partie carbonisée dans un petit réceptacle attenant. A partir du
16è siècle, avec l’arrivée du coton d’Amérique qui était roulé et
tressé, des améliorations furent apportées et les mèches devinrent
ainsi plus durables et la flamme plus brillante. |
Mouchette |
- les lampes à huile dégageaient aussi
de la fumée noire et plus ou moins de mauvaises odeurs selon l’huile qui
était utilisée
(l’odeur de l’huile de noix ou du suif était épouvantable).Elles
déposaient de la suie noire sur les murs des pièces d’habitation et leurs
émanations pouvaient être toxiques.
Des lampes à mécanismes pour pallier
les défauts des anciennes lampes.
L’évolution des sciences et des
techniques et en particulier la découverte en 1777 du phénomène de la
Combustion par Antoine Laurent de Lavoisier (1743 - 1794)
chimiste, philosophe et économiste français, permit des améliorations
notables dans les performances des lampes à huile. Lavoisier démontra
que l’air est composé d’un tiers d’oxygène et de 2 tiers d’azote et
que seul l’oxygène intervient dans la combustion.
En 1780 la lampe Proust à niveau constant apparut dans laquelle le
réservoir et le bec étaient montés de part et d’autre d’une tringle
verticale. Le bec était situé plus bas que le réservoir et il était
alimenté en continu par un petit tuyau relié au réservoir, cela
permettait d’obtenir une flamme régulière. |
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1782 – Argand invente le bec Argand
à double combustion donnant une lumière beaucoup plus intense Ce
chercheur a l’idée de former une mèche tubulaire en pliant en deux une
mèche très large qui permet le passage d’un courant d’air au centre du
tube ainsi formé en plus de l’air arrivant à l’extérieur de la mèche.
Il y a double combustion et donc une flamme plus haute brillante et
jaune. A cette mèche il associe une cheminée en métal au dessus de la
flamme et une cheminée en verre autour de la flamme avec un manchon
métallique perforé ouvert au dessous de la mèche. Ce verre droit ou
étagé favorise l’apport d’air en créant un tirage ascendant. |
En 1785 – la lampe Quinquet – Ce
chimiste couple l’invention d’Argand avec le système Proust et améliore le
tout avec un réflecteur et un verre coudé élargi à la base de la flamme
plus une molette remonte mèche. A partir de 1800 on inventa aussi les
lampes mécaniques Carcel qui possédaient un système d’horlogerie greffé
sur une lampe à pompe permettant de réguler la montée de l’huile jusqu’à
la mèche. Enfin en 1837 apparut la lampe à modérateur créée par Franchot
qui obtint le prix de l’Académie des Sciences en 1853. C’était une lampe à
pompe, mais c’est un ressort à boudins qui comprimait l’huile dans le
réservoir et la remontait vers la mèche.
L’huile passait dans un tube fin, solidaire du piston et mobile, dans
lequel passe une aiguille fine : le modérateur.
Ce fut l’une des dernières lampes à huile à mécanisme inventée car en
1850, la découverte du pétrole avec les gisements trouvés aux USA,
entraînera le déclin des lampes à huile.
Monsieur Ara offre au musée une
« lampe à modérateur »
M. Ara et sa lampe à modérateur |
Le 28 Novembre 2019 une visite au
Musée des Eclairages anciens, à Paris près du Val de Grâce m’a permis
de faire la connaissance de M. Ara Kebapcioglu, un des spécialistes
mondiaux de l’éclairage ancien, qui tient cette merveilleuse boutique
nommée « Lumière de l’œil ». C’est une caverne d’Ali Baba remplie du
sol au plafond de lampes à huile, à pétrole, à gaz, de réverbères,
d’abats jours à franges perlées, de verres de lampes et de tout ce qui
se rapporte à l’histoire de l’éclairage. Ce lieu hors du temps est à
la fois un musée et un lieu de vente ou l’on répare aussi les lampes
anciennes et où l’on peut trouver les pièces détachées nécessaires au
bon fonctionnement de ces antiquités (verres, globes, mèches).
Monsieur Ara vous y accueille chaleureusement, prêt à vous faire
partager ses connaissances encyclopédiques sur les éclairages anciens.
M. Ara et sa lampe à modérateur |
Lorsque je lui appris que les musée des
Amis des Arts de Reillanne avait reçu une donation de 500 lampes à huile,
simples mais très intéressantes et que je venais chercher auprès de lui
des informations et des conseils, M. Ara, qui connait bien notre région du
Luberon, me fit avec beaucoup de grâce les honneurs de son magasin, me
parlant avec passion et érudition de ces lampes auxquelles il a consacré
une partie de sa vie. Il me montra quelques pièces parmi les plus belles
de sa collection, un ravissant abat-jour peint et un autre à franges
perlées qu’il fabrique lui-même d’après des modèles anciens. Il alluma des
lampes, une veilleuse et même un bec de gaz.
Et comme je lui racontais n’avoir jamais vu de lampe à huile munie d’un
mécanisme puisqu’elles sont absentes de la collection reillannaise, il me
fit la démonstration de quelques unes en m’en expliqua les
caractéristiques techniques.
A la fin de cette longue et
passionnante visite, Monsieur Kebapcioglu, très généreusement, offrit pour
notre musée une belle
lampe à modérateur (celle qu’il tient à la main sur la photo prise ce jour
là dans sa boutique) afin de compléter la collection Max
Gregori au Musée des Amis des Arts et de nous permettre de montrer aussi
un modèle de lampe à mécanisme complexe du 19ème.
Il l’emballa soigneusement pour qu’elle voyage sans encombre entre Paris
et Reillanne et elle trône aujourd’hui dans le musée.
C’est un merveilleux cadeau pour notre petit musée, et nous tenons ici à
l’en remercier.
Si vous souhaitez découvrir le Musée
des Eclairages Anciens « Lumière de l’oeil » – 4 rue Flatters 75005
Paris
http://www.lumieredeloeil.com/lumiara/fr/index.html
Rappel de quelques dates dans
l’histoire de l’éclairage
Découverte du feu au
Paléolithique inférieur |
- 400 000 ans |
Premières lampes à huile et torches résineuses autour de |
- 35 000 ans |
Chandelles (graisse
animale, suif, résine) |
- 3 000 ans |
Bougies (de cire
d’abeille) |
Moyen Age vers l’an 800 |
Antoine
de Lavoisier, chimiste français, explique la combustion |
1777 |
Gaz |
1800 |
Bougie stéarique |
1825 |
Pétrole |
1850 |
Lampe à carbure et
acétylène |
1880 |
Lampe à essence |
1900 |
Electricité - incandescence |
(1879 Edison) 1900 |
Arc dans un gaz (tube
néon) |
1940 |
LED ou diode
électroluminescente |
1990 |
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